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Gignac le 22 décembre 2022
C’est une de ces traditions dont nous avons perdu l’origine exacte, mais qui s’est enracinée si profondément que l’on ne voudrait pour rien au monde la voir disparaître : à Noël, on pose le sapin dans son salon, sur les grand-places et même dans les magasins. On rivalise d’ingéniosité pour le décorer et il fait la joie des enfants et le bonheur de tous. Quelle est sa symbolique, d’où vient-il et que dit-il de notre rapport à la nature ?
De nombreuses traditions orales ou légendaires font remonter son avènement aux époques païennes. A la fin du XVe siècle, il est attesté que dans les pays germaniques, certaines cérémonies de fin d’année avaient lieu autour de cet arbre. Riga, l’actuelle capitale de la Lettonie, se targue d’avoir érigé et décoré le premier arbre de Noël dans sa cité en 1510. Quoi qu’il en soit, cette coutume nous vient des pays de l’Est de l’Europe.
Symbole du renouveau de la vie, l’arbre est un thème traditionnel païen que l’on retrouve dans de nombreuses religions archaïques. Il rappelle également l’arbre de vie de la Genèse. Le sapin et l’épicéa étant des conifères à feuilles persistantes, ils sont symbole de renaissance lors du solstice d’hiver. L'utilisation d'arbres à feuilles persistantes, de couronnes et de guirlandes pour symboliser la vie éternelle était une coutume chez les Égyptiens, les Chinois et les Hébreux.
Deux traditions de Noël dans le monde occitan : cliquer sur ce lien
Et la crèche ?
Eglise de Saint-Bonnet : le vitrail de la nativité
En arrière-plan : Gloria in excelsis Deo et in terra Pax
(premiers mots d’une hymne liturgique chrétienne) :
Gloire à Dieu au plus haut des cieux et Paix sur terre.
Décorer son foyer de verdure, illuminer les maisons, faire des repas opulents, tout cela se retrouve dans différentes traditions : il s’agit, au moment du solstice d’hiver, de souligner l’espoir du renouveau, des jours qui rallongent enfin, des récoltes printanières à venir. La crèche, qui célèbre la naissance d’un enfant, et donc la promesse d’une nouvelle ère, rejoint cette symbolique. Cela explique que les non-croyants et les personnes d’autres religions s’en saisissent volontiers. La crèche met en scène une naissance. Elle est un symbole qui rassemble au-delà des religions. Les commerçants ne se trompent pas sur son potentiel !
Les plus anciennes représentations de la Nativité sont issues de l'art paléochrétien. Elles sont essentiellement des fresques et des bas-reliefs datant du IIIe siècle et surtout des IVe et Ve siècles. François d’Assise, marqué par sa visite à Bethléem, est l’inventeur de la première "crèche vivante" et reproduit la scène de la nativité à Greccio en Italie pour la nuit de Noël en 1223. Le modèle réduit avec de petites statues – et non plus une simple représentation picturale – apparaît ensuite, à la fin du XVIe siècle, en Europe.
En France, les crèches sont popularisées après la révolution de 1789, d’abord dans les paroisses, puis chez les particuliers, lorsque les églises devenues "propriétés de l'Etat Français" sont fermées, en 1793. C’est à cette époque que des crèches plus locales font leur apparition. Ainsi des crèches provençales avec leurs fameux "santons". Le mot vient du provençal santoun ("petits saints") et désigne une foule nombreuse, de l'ange Boufarèl, guide des bergers vers la crèche, au Pistachié. Valet de ferme, le Pistachié est très loin de mener une vie sainte. Certains s’accordent à dire qu’il est en particulier un coureur de jupons, mais aussi un homme généreux qui apporte à la crèche morue, saucisses, fouguasses ou bien encore la pompe à huile. Ne pas oublier bien entendu le célèbre Ravi (connu pour être l’idiot du village) !
Quelques santons de Provence...
L'aveugle, le berger, le couple provençal, le maire,
le pistachié, le ravi, le rémouleur, le cueilleur de fleurs de lavande...
... des santons du Pérou...
... sur des barques en roseau au lac Titicaca...
... et des santons créés en Egypte
Crèche internationale avec santons en argile de Provence, Egypte, Birmanie et Pérou