Un patrimoine sonore invisible : les cloches
Elles font partie du paysage sonore de Gignac et Saint-Bonnet, elles accompagnent les événements de la vie locale (baptêmes, offices religieux, Angelus, obsèques) et même nationale, Par exemple le 11 novembre 1918 :
Télégramme du 11 novembre 1918 reçu par le maire de Gignac
"Pour fêter victoire veuillez faire immédiatement sonner à toute volée toutes les cloches de votre commune"
Il était 10 h 10
Il en a été de même le 8 mai 1945 et plus récemment le 25 mars 2020. Ce jour-là elles ont sonné "comme elles ont sonné aux grandes heures de notre histoire". C'est en ces termes que la Conférence des évêques de France a demandé que "toutes les cloches de France sonnent pendant dix minutes le 25 mars à 19 h 30", alors que l'Église célébrera l'Annonciation, "non pas pour appeler les fidèles à aller à l’église, mais pour dire notre solidarité".
Gignac le 25 mars 2020 à 19h30
Les cloches de l'église de Gignac
La tour Ouest de l’église de Gignac a servi de clocher de 1714 à 1987.
Ce clocher abritait trois cloches :
1) La grosse cloche (1523) inscrite à l'inventaire des Monuments Historiques : 700 kg, portant des inscriptions en lettres gothiques de 4 centimètres :
- MARIA SANCTE MARTINE ET JOHANNES ora pro nobis. L'église comporte trois nefs et elle est placée sous le vocable de Saint Martin (choeur de la nef centrale), Saint Jean Baptiste (nef de droite) et Marie (nef de gauche).
- Au-dessous une iconographie : La Vierge et l’Enfant Jésus, Saint Michel terrassant le démon, le Christ au prétoire, les mains liées.
- Puis cinq fois TE DEUM LAUDAMUS IHS. Le monogramme IHS est une abréviation et une translittération imparfaite du nom de « Jésus » en grec : Ἰησοῦς, en capitales : IHΣOYΣ. Le monogramme trilitère grec IHΣ (pour IHΣOYΣ, le nom de Jésus) se rencontre déjà parmi les plus anciens symboles chrétiens. Lorsque le latin devint la langue dominante du christianisme le monogramme fut mal compris, le êta grec (en majuscule), étant identique à la lettre latine H. Le monogramme devint I.H.S. et interprété librement comme signifiant : IESUS, HOMINUM SALVATOR (« Jésus, Sauveur des hommes ») . On retrouve très souvent à Gignac sur des linteaux de cheminées ou de portes ce monogramme.
La Vierge et l’Enfant Jésus, Saint Michel terrassant le démon
TE DEUM LAUDAMUS en lettres gothiques
- Une fois Ave Maria : les six invocations sont séparées entre elles par une très fine guirlande de feuilles de chênes.
- Traductions : - Marie, Saint Martin, Saint Jean, Dieu, priez pour nous. – Dieu, nous te louons. -
- La date : MDXXIII
- Une croix latine.
Cette cloche est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques (arrêté du 16 mai 1984). Elle mesure à la base 284 cm de circonférence pour 85 cm de hauteur. Le battant primitif était en fer forgé. Sur les conseils de Paintandre, fondeur à Turenne au milieu du XIXe siècle, le curé Sireyzol fit tourner la cloche et remplacer le premier battant par l’actuel. On ignore le pourquoi de ce changement. La cloche est suspendue par plusieurs brides de fer passant dans six anses qui ont la forme de figures humaines.
2) La petite cloche : 400 kg, dédiée à Jeanne d’Arc (parrain : Henri Delpy, marraine : Mme J.B. Morand née Hélène Neuville) l’an 1913. Fonderie Pourcel à Villefranche Aveyron. Elle porte une croix, et à l’opposé Marie écrasant la tête d’un dragon.
La cloche précédente avait été fêlée pendant la réfection du clocher en 1912. Le 30 novembre 1913, bénédiction par Mgr Cézérac de cette cloche qui a été refondue par la fonderie Pourcel de Villefranche.
3) Pendant la Révolution, la troisième cloche (la plus petite) a été fondue pour la fabrication de canons.
Ce clocher-mur en porte-à-faux était devenu fragile, il menaçait de s’écrouler. En 1985 et 1986, seule la petite cloche rythmait la vie du village et des paroissiens.
Aussi le conseil municipal a-t-il été contraint d’aménager la tour-donjon pour qu’elle puisse accueillir les cloches On profite de l’occasion pour ajouter deux nouvelles cloches et constituer un carillon. Les nouvelles cloches ont été fondues en 1986 par la fonderie Paccard d'Annecy.
Coût de la dépense : 220 000 francs.
Charpentiers : Louis Laval et ses fils
Le dimanche 18 octobre 1987, la place de l’église était envahie par un public très nombreux (500 personnes environ), venu assister au baptême de trois nouvelles cloches. Etaient présents le préfet du Lot, les sénateurs Maurice Faure et Costes, les députés Malvy et Chastagnol, des conseillers généraux, d’anciens députés, les maires des environs. La cérémonie religieuse était présidée par l’abbé Gauzin, vicaire général du diocèse. On trouvera à la Bibliothèque de Gignac la cassette vidéo VHS qui retrace l’histoire de ces trois cloches (préparation du clocher, fonderie, installation et baptême).
Les deux nouvelles cloches de Gignac et celle de Saint-Bonnet portent les noms du curé (abbé René Tarayre), des parrains et marraines, des personnes auxquelles elles sont dédiées.
Cérémonie du baptême avec un autel installé dans le dancing Pouch
Des cloches et des marraines
Compte-rendu dans La Dépêche : L'envol des cloches
Reportage dans le Journal du Lot du 25 octobre 1987: Une cloche sonne, sonne...
1) La première cloche porte les inscriptions suivantes :
- Bienheureux Saint Martin, priez pour nous,
- Cloche dédiée à Marie-Marthe-Julie de Muzet,
- Abbé René Tarayre,
- Maire : Robert Soulié,
- Parrain : Richard Morand,
- Marraine : Mme Léon Vayssié née Marthe Pestourie,
- Fondue en 1986 à ARTEM PACCARD Annecy France
2) Sur la seconde on peut lire :
- Bienheureux Saint-Jean-Baptiste, priez pour nous,
- Cloche dédiée à Léa Marie Dale du bourg,
- Abbé René Tarayre,
- Maire : Robert Soulié,
- Parrain : Eric Brécy,
- Marraine : Léa Jarzac née Combrou
Fondue en 1986, PACCARD Annecy France
3) La troisième (destinée à l’église de Saint-Bonnet) : la cloche de Saint-Bonnet datée 1870 s'est fêlée le 8 mai 1945, lors de la fête spontanée qui a eu lieu ce jour-là pour célébrer la fin de la guerre. Elle a été refondue en 1986, baptisée et remise en place en 1987.
Elle porte les mentions :
- Bienheureux Saint Bonnet, priez pour nous,
- Cloche dédiée à Julienne dite Maria Delmas de Saint-Bonnet,
- Abbé René Tarayre,
- Maire : Robert Soulié,
- Parrain : Raymond Dufau,
- Marraine : Andrée Vinel, née Christiane Léger,
- Fondue en 1986 Paccard Annecy France.
La cloche de Saint-Bonnet hissée dans la tour-clocher
L'ancienne cloche de l'église de Saint-Bonnet
A Saint-Bonnet, l'ancienne cloche en bronze datée 1608 a été classée en 1989. Elle porte les inscriptions suivantes :
IHS Maria Sancte LEONEGARI Ora pro nobis Saint-Bonnet 1608
JEHAN SOVRYAC SCEINDI St Bonnet
Il n’a pas été possible de revérifier le relevé de ces inscriptions. Il semble que cette transcription comporte des erreurs.
La cloche de l'école religieuse
Une énigme : aux Archives Départementales on trouve une lettre du fondeur de cloches de Saint-Viance (Corrèze), Forgeot, qui écrit en 1833 au maire de Gignac (Arch. Dép. J 739) : Je pense fondre votre cloche dans les premiers jours de janvier (…) et il lui demande de (lui) faire passer le nom du parrain et de la marraine.Cette cloche était destinée au nouveau clocheton de l’école des religieuses de Vaylats. Où est cette cloche ? On ignore ce qu’elle est devenue lors de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Cloche de la chapelle Sainte-Anne
Lors de la Mission de 1840, le porche d’entrée a été refait et une cloche a été commandée à la fonderie de Turenne. Cette cloche sera baptisée et installée dans un nouveau clocheton en 1842. Elle porte les inscriptions suivantes :
PARRAIN MR JH CEROU MEDECIN
MARRAINE ALIEN VICTOIRE Sophie épouse BARRE
M L AUZUEC CURE 1842
PAINTANDRE AINE LAGARDELLE
Fondeur à Turenne Corrèze