L'église-forteresse de Gignac
L'ÉGLISE-forteresse DE GIGNAC
Classée Monument Historique en mai 2004
Dédiée à Saint Martin et Saint Jean-Baptiste, l'église de la paroisse de Gignac a été édifiée au XIIème siècle, sur une base antérieure (cette paroisse a été fondée à l'époque carolingienne).
Victime de la guerre de Cent Ans, puis des guerres de religion, cette église a connu des modifications importantes au XIVème siècle, au XVème siècle et au début du XVIIIe siècle. De l'époque Romane il reste les deux chapelles, le chœur, le portail d'entrée et la tour de guet aujourd'hui transformée en clocher. A la fin du XVIIe s. les voûtes en pierre se sont effondrées. De nouvelles voûtes en bois et une immense charpente ont remplacé les anciennes voûtes. L'origine de cet effondrement de ces trois voûtes est inconnue, peut-être à la suite du violent tremblement de terre du 21 juin 1660 qui aurait duré "quatre minutes" selon le notaire royal de l'Hôpital-Saint-Hean, Chadirac. Le clocher ne sera reconstruit qu'au début du XVIIIe s. (fin des travaux en 1715).
Devant l'autel ancien, la sculpture représentant la Cène vient de l'abbaye d'Aubazine (don datant de 1790). Le retable est du XVIIIème siècle. L'une des toiles peintes est répertoriée: elle représente le Baptême de Jésus.
Les tableaux représentant Saint Martin, Saint Louis et Saint Jean-Baptiste, les statues de Pierre et Paul, une cloche sont également classés à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.
Le donjon devenu clocher en 1987
Le clocher (1714-1715)
Chapelle Saint Jean-Baptiste
Chapelle Sainte Marie
Chapiteau XIe siècle
Le retable (XVIIIe s) est inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. En 2010 il a entièrement été restauré, ainsi que les deux grandes statues de Pierre et Paul.
Transport des statues dans l'atelier du restaurateur près de Cahors
Pierre et Paul ont retrouvé une nouvelle jeunesse
Antependium : La Cène, tableau sculpté (bois de noyer)
Tableau de l'abbaye d'Obazine offert en 1790 par Pierre Cérou à la paroisse de Gignac
Des éléments d’architecture militaire
L’insécurité à différentes époques, en particulier au XIVe et au XVe siècle, a entraîné la mise en défense de l’église devenue une sorte de donjon villageois (comme à Estivals, Nadaillac et Paulin). Sans doute y a-t-il eu aussi construction d’enceintes et de fortifications dont il reste peu d’éléments, mais qu’on retrouve à Nadaillac autour de l’église.
Dès le XIVème siècle, une tour massive a pris appui sur le choeur de l’église, si bien qu’elle n’est pas carrée, comme les autres tours de la Vicomté de Turenne, ni séparée de l’église, comme à Chavagnac, par exemple. Elle comporte deux angles rentrants, côté Ouest, et deux pans coupés à l’intérieur. On estime la hauteur de la tour (sans le toit) à environ 23 mètres, côté place.
Au moment de la Guerre de Cent Ans, cette tour a été surélevée, comme le montre l’appareillage extérieur. La partie la plus ancienne, jusqu’au niveau des larmiers , se caractérise par un bâti régulier, alors que la partie supérieure est constituée de pierres plus petites et irrégulières.
La partie haute est constituée de créneaux et merlons caractéristiques de l’architecture militaire. Cette tour n’était pas surmontée d’un toit. L’accès au premier niveau se fait par un escalier en colimaçon accolé au mur Nord. On accédait ensuite au sommet par des échelles de bois. Il existe encore une bretèche au-dessus de la voûte qui surmonte le chœur.
Tour donjon (1970) - épaisseur des murs à la base : 130 cm
L’escalier qui conduit au premier niveau de la tour
Il existe encore quatre larmiers, deux sur le côté sud et deux sur le côté nord. Ce sont ces pierres disposées en saillie qui préservaient de la pluie grâce à une petite rainure destinée à faire tomber directement sur le sol les filets d’eau.
Réfection après effondrement
Nous ne disposons pas d'archives du XVIIe s.concernant cette église. Pourquoi la voûte de la nef centrale et les voûtes des nefs latérales se sont-elles écroulées ? et Quand ? On ne peut formuler que des hypothèses. Gignac n'a pas subi de dommages liés aux guerres à cette époque-là. Voici une hypothèse que j'avance parce qu'elle me semble plausible. Il y a eu en 1660, le 21 juin, un énorme tremblement de terre. Le notaire royal de L'Hôpital Saint-Jean, Chadirac, précise que ce tremblement de terre "dura quatre minutes". Sans doute le temps a dû lui paraître très long, un tremblement de terre est toujours beaucoup plus court, et il est suivi de répliques. Toujours est-il que l'église de L'Hôpital Saint-Jean subit des dommages très importants ce jour-là. Et à Gignac les voûtes et le clocher, fragilisés par les tremblements de terre précédents, se seraient écroulés. L'immense charpente actuelle date de la fin du XVIIe s. Elle a remplacé les voûtes recouvertes de lauzes.
Il faut savoir en effet que deux autres tremblements de terre très importants avaient secoué la région le 29 juin 1477 et le 1er mars 1489. Ce second tremblement de terre, extrêmement violent, a eu lieu entre 8h et 9h du matin. A Gourdon, par exemple, les maisons et les églises s'écroulent (Arch. Dép. F 136 p. 642). On peut supposer que l'église de Gignac a été alors fragilisée. Quand on regarde l'appareillage de l'ancien clocher (en écailles de poisson), on peut penser que les murs avaient été fragilisés.
Clocher Ouest, appareillages vus depuis le grenier de l'église (Photo RV)
A la suite d’un effondrement du clocher et des voûtes en pierre fin XVIIe siècle, la partie Ouest de l’église a été largement remaniée fin XVIIème et début XVIIIème siècle et dotée d’un nouveau clocher en 1714-1715 (cloche datée 1522 inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques).
Les voûtes en pierre n’ont pas été refaites, les arcades ont été supprimées et remplacées par la grande arcade actuelle. Les plafonds ont été refaits en bois et recouverts d’un enduit blanc.
La tour Ouest a été surélevée à plusieurs reprises, comme le montrent les divers appareillages qui se superposent. La dernière surélévation date du début du XVIIIe siècle. Le toit est alors surmonté d’un élégant clocheton.
Une horloge a été installée en 1715. Elle a fonctionné jusqu’au début du XXe siècle. Lors du transfert des cloches dans la tour de défense, en 1987, elle a été offerte au musée campanaire de L’Isle-Jourdain (Gers). On peut encore voir le bâti extérieur à droite du mur-clocher et la charpente qui la supportait à l’intérieur.
Archives Municipales : "Titre de 1716 entre le Sieur Delpy et les habitants de la commune de Gignac. Aujourd’hui 22 mars 1716, au lieu de Gignac en Quercy, Vicomté de Turenne, dans la place publique du dit-lieu, à l’issue de la messe jour de dimanche, au son de la grande cloche, régnant le roi Louis, de par-devant nous, soussigné…" Suivent 48 noms et prénoms : "faisant la majeure partie du-dit bourg, ci-assemblés" qui délèguent au Sieur Jean Delpy le pouvoir d’entretenir ou régler l’horloge. En contrepartie il encaissera les droits de places les jours de foire et de marché. Ce Jean Delpy avait contribué à la construction et à l’achat de l’horloge de l’église lors des travaux réalisés à l’église en 1714-1715.
Les différents appareillages vus de l’intérieur
(réfection du versant Sud du toit, novembre 2004)
Bretèche au-dessus de la voûte qui surmonte le chœur.
Elle donnait avant le XVIIe s sur l'extérieur, au-dessus du toit central en lauzes de l'église primitive
Charpente du XVIIe s.. La bretèche du donjon donne depuis le XVIIe s. dans le grenier.
Réfection du clocheton qui avait pris un air penché (décembre 2006)
Pour en savoir plus :
Brochure "Les édifices religieux de Gignac Lot" disponible à la bibliothèque
Patrimoines en Occitanie : site de la Région (église de Gignac)