Le Monument aux Morts de Gignac
Ce monument, destiné à perpétuer le souvenir des soldats de la commune morts pour la France, a été élevé en 1926 au fond du champ de foire, en face du puits Bournaguet et de l'oratoire Saint-Antoine.
Les stèles installées dans les églises de Gignac et de Saint-Bonnet ne pouvaient satisfaire pleinement les anticléricaux, nombreux et dynamiques à Gignac et Saint-Bonnet. L’opposition Blancs / Rouges restait très vive, malgré la guerre. Aussi un Comité s’est-il constitué en vue d’édifier un monument communal civil à la mémoire de tous les soldats disparus. Ce Comité était constitué de membres du Conseil Municipal et de Gignacois extérieurs à la municipalité. Il a dû trouver un terrain qui réponde aux rivalités qui opposaient Gignac et Saint-Bonnet : il devait se situer à mi-chemin entre les deux bourgs, sinon Saint-Bonnet allait édifier son propre monument. Finalement, les membres de ce Comité se sont mis d’accord pour installer le nouveau monument à la sortie de Gignac, route de Saint-Bonnet. « Le Monument aux Morts était là parce que les Saint-Bonnet voulaient avoir quand même un monument. Les gens du Comité ont coupé la poire en deux en le mettant vers Saint-Bonnet, près de la statue de Saint-Antoine. » (Témoignage de Ferdinand Vergne né en 1907)
Le Comité a recherché un artiste statuaire et retenu le projet présenté par Henry Parayre, professeur à l’Ecole des Beaux-Arts de Toulouse. Un mystère demeure : pourquoi l’artiste toulousain Henry Parayre, qui a réalisé un seul Monument aux Morts après la guerre 1914-1918, a-t-il été choisi par la commune de Gignac ? Ce choix aurait pu être influencé par son ami Anatole de Monzie, mécène et homme politique du Lot à cette période.
Le projet est présenté au Conseil Municipal du 21 décembre 1924.
Henry Parayre, professeur à l’Ecole des Beaux-Arts de Toulouse devient en 1907 contremaître à l’atelier des Arts du bois de l’Ecole des Beaux-Arts, puis, en 1922, directeur de l’atelier et, en 1923, professeur de sculpture. Il s’impose comme chef de file de la sculpture figurative d’esprit classique (acajou, bois de rose, ébène, bronze, grès, marbre) et expose ses œuvres à Toulouse et Paris. Son sujet essentiel est le nu féminin. Son deuxième sujet favori est le portrait.
Il est le sculpteur de plusieurs monuments :
· Monument commémorant les victoires du Stade toulousain en 1924 : La victoire pensive (1925)
· Monument en l’honneur du compositeur Paul Lacombe (Carcassonne, 1927)
· Monument dédié à Jaurès au square du Capitole (1929). La statue, déboulonnée lors de la seconde guerre mondiale, sera détruite, à l’exception de la tête qui est aujourd’hui exposée au square Charles-de-Gaulle.· A la bibliothèque municipale, deux statues. Sur le grand panneau situé à l’intérieur de la bibliothèque et peint par Marc Saint-Saëns, on peut voir l’artiste vêtu à l’ancienne.
· En 1937, il exécute un bas-relief pour un immeuble situé entre le Grand-Rond et le Canal du Midi représentant, autour du nu féminin, Les Loisirs et le Travail.
· Parayre fait partie des 21 sculpteurs retenus (avec Bourdelle et Maillol) pour participer à la grande exposition Les maîtres de l’art indépendant 1895-1937 au Petit-Palais, dans le cadre de l’exposition universelle de 1937. Il exposait six œuvres dont L’athlète en bronze acquis pour le Musée d’Art moderne.
· Monument à Marc Lafargue (poète toulousain), au jardin du musée.
Etude de la statue de Gignac (en terre)
Délibération du conseil Municipal du 21 décembre 1924 (extraits)
Monsieur le Maire expose au Conseil que le Comité qui a été constitué à Gignac pour l’érection d’un monument destiné à perpétuer le souvenir des soldats de la commune morts pour la France a déjà choisi comme emplacement de ce monument le coin de pré de Rol au fond du champ de foire en face du puits Bournaguet,
Que Mr Rol est tout disposé à céder à la commune le terrain dont il s’agit moyennant des conditions qui paraissent avantageuses,
Que le dit Comité a également fait choix du monument à élever et qu’un croquis en a été adressé par monsieur Parayre, professeur à l’école des Beaux Arts de Toulouse. Et il dépose sur le bureau de l’assemblée le croquis dont il vient d’être parlé ainsi qu’un projet de traité à passer avec Monsieur Parayre. Et il invite le Conseil à délibérer sur l’opportunité de l’approbation
1° de l’emplacement sus indiqué,
2° du projet du monument soumis à l’Assemblée,
3° du projet de traité à passer avec Monsieur Parayre.
Le Conseil décide :
1° l’érection d’un monument pour perpétuer le souvenir des enfants de Gignac morts pour la France, et cela suivant le modèle qui lui a été présenté,
2° prend à la charge de la Commune l’érection de ce monument,
3° en fixe l’emplacement dans le coin du pré Rol en face le puits Bournaguet,
4° confie à Monsieur Parayre, sculpteur satatuaire (sic) professeur à l’école des Beaux Arts de Toulouse le soin de sculpter et dresser ce monument moyennant le prix de 13500 francs porté au traité,
5° s’engage de pourvoir aux ressources nécessaires de la manière suivante :
9000 francs inscrits au budget primitif et supplémentaire de 1924,
6000 francs provenant de souscriptions qui seront déposés en temps opportun dans les caisses du receveur municipal,
6° approuve le traité à forfait dont le projet lui a été soumis.
En conséquence il charge le maire de faire toutes les démarches nécessaires afin d’obtenir le décret approbatif exigé par l’administration supérieure et prie Monsieur le Préfet de donner son approbation au traité forfaitaire et au proget (sic) de monument qui viennent d’être soumis au Conseil Municipal.
Il prie en outre Monsieur le Préfet de vouloir bien faire obtenir à la commune de Gignac la subvention d’usage accordée par l’Etat pour les Monuments aux morts de la guerre.
Il autorise en outre le Maire à faire l’acquisition pour le compte de la commune du terrain Rol pour y ériger le monument.
Ainsi délibéré à la mairie de Gignac, les jour, mois et an du dessus et ont tous les membres présents signé au registre.
Ont signé : Alard, maire, Lapeyre, Teyssandier, Dufaut, Antoine Jauberthou, Arliguie, Antoine Laujol, Arliguie, Jean Montfort, Vitrac
Toutes les familles de la commune ont été sollicitées pour participer aux frais sous la forme de souscriptions :
« 6000 francs provenant de souscriptions seront déposés dans les caisses du receveur municipal » (extrait du registre des délibérations du Conseil Municipal).
Courant 1925, Henry Parayre sculpte l’œuvre qui sera érigée près du puits Bournaguet au printemps 1926. On ne sait pas quel jour a été inauguré le monument (les témoignages oraux évoquent le 11 novembre 1926), on ignore si l’artiste a assisté à cette inauguration.
Foire de la Saint-Jean 1926
Le Monument en construction
Martyrologe
Figurent sur le monument les noms des soldats victimes de la Grande Guerre
Cliquer sur ce lien
pour obtenir des renseignements sur chacun des soldats Morts pour la France
Ont été ajoutés après 1945 les noms des victimes de la deuxième guerre mondiale.
Transfert du Monument
Ce monument était placé au centre d’un jardin fleuri entouré d’un mur. Le portail d’accès faisait face au Monument. Déplacé en 1974 sur l’emplacement d’une ancienne mare qui servait de point d’eau pour les bovins et en cas d’incendie, le Monument était situé au centre d’un petit parking et avait ainsi perdu l’écrin de verdure et de fleurs qui le mettait en valeur.
Il ne restait plus qu'à enlever ces chaînes et ces buses de béton
qui détonent et dénaturent l'oeuvre de l'artiste.
En 2008, haie de buis et cyprès ont amélioré le site. Pour le 90e anniversaire de l'armistice, le Monument a été restauré et les inscriptions mises à jour. Pour 1914-1918, deux noms ont été rajoutés : ceux d'Henri Verrière (de La Veyssière) et Clément Yronde (de Saint-Bonnet) qui avaient été oubliés en 1926.
Deux erreurs ont été rectifiées : Robert Chalvet a été tué au Laos en 1945 et Etienne Dalle à Hambourg en 1943. Une plaque informative discrète a été installée sur la face avant du Monument : des renseignements sur l'artiste Henry Parayre et sur son oeuvre sont ainsi à disposition du visiteur.
Date de création : 04/01/2007 @ 19:47
Catégorie : - Monuments
Le 11 novembre 2014
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Henry Parayre
- par bibliothèque le 18/06/2012 @ 00:56
Robert Vayssié nous signale que le livre d'art sur le sculpteur Henry Parayre qui a réalisé le Monument aux Morts de Gignac vient d'être acquis par la bibliothèque. Un livre d'art "Henry Parayre 1879-1970", abondamment illustré, vient de paraître aux éditions Chemins d'encre. Sculpteur de l'entre-deux guerres, Henry Parayre a réalisé en 1926 le Monument aux Morts de Gignac. Il se rattache au courant néo-classique. Cet ouvrage contient, avec la biographie de l'artiste, le catalogue raisonné de l'ensemble de son oeuvre sculptée, soit environ 170 statues, bas-reliefs ou bustes, classés chronologiquement de 1902 aux années 1950.
Page 113, sont indiqués les Monuments installés dans des lieux publics. On peut lire : Gignac (Lot) Monument aux Morts (cat. 077) Le numéro entre parenthèses correspond au numéro de notice du catalogue raisonné. Dans le catalogue raisonné, au numéro 077, page 150, on peut voir une photo de l'étude de la statue du Monument de Gignac (en terre) et trouver ces précisions :
Monument aux Morts de Gignac (Lot), 1926
Monument, pierre
Hist. : monument inauguré le 11 novembre 1926
Loc. : Gignac (Lot), déplacé en 1974 près de la chapelle Sainte-Anne
Cet ouvrage a été acheté par l'association Multi-Médi@ et déposé à la Bibliothèque où il peut être consulté ou emprunté.
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Arbres commémoratifs
Au cours du XXe siècle trois Arbres de la Paix et de la Liberté ont été plantés près du "Lac de Sainte-Anne" avant qu'il ne soit supprimé.
Un tilleul
Le tilleul a été planté en 1989 pour célébrer le bicentenaire de la Révolution.
Pendant la Révolution on avait planté des Arbres de la Liberté dans toutes les communes de France, et même dans certains villages, comme à La Blénie. A Saint-Bonnet l'Arbre a été planté le 3e décadi du mois de ventôse, An II de la République.
Un marronnier
Le marronnier a été planté en novembre 1918 pour marquer la fin de la guerre 1914-1918.
Un pin
Le pin a été planté le 8 mai 1945 par Paul Brunerie et les Résistants pour fêter la fin de la guerre 1939-1945. René Lestrade et Charles Laval sont allés chercher ce pin avec une brouette dans le bois Lasfargues (entre Le Chazal et le Touron). Paul Brunerie a arrosé ce pin avec deux bouteilles de vin qui venaient de chez Paul Gauchet et dessiné la Croix de Lorraine. Pendant ce temps Jean-Louis Négret sonnait les cloches à toute volée. Le bénitier était rempli de vin. Et Roger Doublen jouait des valses à l'harmonium.