Période Gallo-romaine
Parmi les chemins antiques utilisés encore au Moyen-Âge, il en est un qui passait par Gignac. Il s'agit du grand axe Méditerranée-Océan Atlantique via Rodez, Figeac, Gramat, Le Pigeon, Les Genestes, Vielfour, le moulin de Gignac, Périgueux, Angoulême et la Rochelle. Cet axe se superposait sur 35 km à un autre grand itinéraire Nord-Sud passant par Brive, Le Pigeon, Montvalent, Gramat, Labastide-Murat, le moulin de Lamothe et Cahors.
Quelles traces concrètes reste-t-il ? Une chaussée très large sur les hauteurs du causse, une chaussée qui n’a pas encore été entièrement goudronnée, en particulier du Moulin au Pech de La Blénie, et du Pech de La Blénie à Vielfour.
Plusieurs points d’eau semblent avoir été utilisées le long de cet axe : au sommet du Pech des Ioules, à la fontaine de La Quique et à la fontaine des Genestes.
Fontaine des Genestes
Etude réalisée en 2006 par François Moser, Conservateur du Patrimoine
Lors des travaux de remise en état de la fontaine des Genestes, en 2005, Georges Delpech a recueilli des tessons antiques. Ces découvertes, bien que modestes, ont le mérite de prouver l’antiquité de l’occupation du site. Un tesson appartenait à un vase à parois fines et décor guilloché comme ceux qui furent fabriqués à Brive à la fin du Ier siècle et durant tout le second. Les autres tessons appartiennent à des formes fermées dont le dégraissant suggère une origine voisine des bords de la Dordogne et non de la Corrèze.
Les poteries gallo-romaines mises au jour près du moulin
Etude scientifique par François Moser
Le point d’eau du Pech des Ioules n’existe plus, mais des recherches effectuées par Georges Delpech en 1984 ont permis d’en retrouver la trace. Parmi les objets découverts en 1984 par la famille Moser sur ce site figurent divers tessons datant de la période gallo-romaine. Aucun vase ne peut être graphiquement reconstitué et les formes identifiables sont rares. Néanmoins plusieurs tessons peuvent retenir l’attention et permettent de donner une idée des périodes d’occupation du site. Aucun tesson du moyen-âge ou postérieur n’a été retrouvé, malgré le voisinage du moulin.
Pour la période gallo-romaine tous les tessons retrouvés sont caractérisés par les traces de tournage, mais aussi par la présence de fins micas qui traduisent des importations, soit de la vallée de la Dordogne, soit plutôt du bassin de Brive. Quatre vases au moins ont été cuits en cuisson oxydante ou faiblement oxydante, parmi lesquels il est possible d’individualiser un pot à fond plat et une forme plutôt fermée dont la surface externe présente quelques cannelures en faible relief.
Céramiques gallo-romaines
Mais deux autres tessons retiennent l’attention, car leur pâte, leur décor et leur type de cuisson rappellent les grands pichets proches des formes Santrot 350 à 367 (et surtout 356) en pâte fine, bien cuite gris bleuté à noyau orangé ou gris foncé, et parfois noir. Ces formes sont, à Brive, datée de la fin du Ier siècle à la fin du IIème siècle. L’un des deux tessons porte un décor ondé fait au peigne, à peine appuyé.
Les découvertes de la Quique
Trois forges ont été mises à jour, à Saint-Bonnet , sur la place de l'église de Gignac et vers le Pech Nègre. Guy Maynard situe la forge de Saint-Bonnet au premier siècle après J.C. à cause d’une céramique trouvée sur les lieux.
Aux Maisons Rouges, lors de la construction d’une maison, il a été trouvé des débris de tuiles romaines.
Mais c’est à la Quique que les découvertes les plus significatives ont été faites. L'abbé de Fouilhac signale, au XVIIème siècle, des monnaies romaines (République et Empire) et des sarcophages. Dans l'un de ces sarcophages, un sesterce d'Antonin. "On a trouvé à Gignac une médaille impériale d'Antonin qui portait l'inscription TRIB POT XIX COS IIII dans une couronne de laurier" .
"Il y a un autre endroit du Limousin dans la Vicomté de Turenne nommé Quique, près Gignac, où l'on trouva de grands tombeaux et plusieurs médailles impériales".
Durant cette période il a existé à Gignac une villa au centre d’un immense domaine agricole, le fundus. C’était la résidence, permanente ou temporaire, du propriétaire du fundus. Qu’est-ce qu’une villa ? C’était l’équivalent de l’un de nos villages d’aujourd’hui, avec maisons d’habitation, granges, écuries, forge, ateliers. Cette unité économique, très isolée, pouvait regrouper entre 300 et 500 personnes. Gignac en a conservé le nom (Ginius) avec son suffixe en –acum (devenu –ac). Gignac était le domaine d’un Ginius ou Genius ou Gennius .
Ce Ginius était à la tête d’environ 1000 à 1200 hectares. La culture de base était celle des céréales (orge, épeautres). La forêt primitive, composée en particulier de chênes et de hêtres, va disparaître au profit d’autres arbres importés de Rome : cerisiers, pêchers, noyers et châtaigniers, par exemple.
Dans cette villa, on élevait moutons, chèvres, bœufs et porcs. La chasse permettait de compléter l’alimentation : on chassait le chevreuil, le sanglier, les lièvres, les lapins.
A l’époque gallo-romaine, le territoire communal a appartenu à au moins quatre propriétaires différents. Il y a eu le domaine de Gignac (le plus étendu, près de 1200 hectares), le domaine de Montagnac, le domaine de Tessilhac et le domaine de Madrange (Saint-Bonnet). Il est possible qu’un ou deux autres noms en –ac aient disparu.
La Blénie et Gignères appartenaient au domaine de Tersac. La famille Blain habitait à Tersac et elle a laissé son nom dans le toponyme La Blénie (la terre des Blain).
Lors du décaissement effectué en 2006 au Nord de l’église (parcelles 1286 et 1287) il a été trouvé quelques indices, des débris très émoussés de tuiles à rebords, des tessons, des fragments de carreaux de sol lisses qui permettent de localiser des constructions gallo-romaines. Faute de recherches et de fouilles systématiques, nous ne connaissons ni la nature ni l’importance de ces constructions. Il s’agit là encore de découvertes modestes, mais qui prouvent que Gignac était habité pendant la période gallo-romaine.