Les cabanes de chez nous

Problème de terminologie

Depuis quelques années on entend parler de bories, caselles, gariotes et même gariottes pour désigner les petites constructions en pierre sèche ! Or à Gignac nos Anciens n’ont employé qu’un seul mot, un mot occitan, celui de cabana (à prononcer cabano) ou chabana (à prononcer tsabano), selon qu’ils étaient originaires du Lot, de Corrèze ou de Dordogne. Sur le Causse de Martel, ils ne connaissaient ni les caselles, ni les bories, ni les gariotes.
Cette confusion terminologique témoigne de l’acculturation du monde rural par le monde citadin. Nous ne devons pas céder aux pressions venues de l’extérieur et qui cherchent à nous imposer, au nom du tourisme, des appellations exogènes. Laissons les bories, caselles, gariotes, burons et autres aux régions auxquelles ces constructions appartiennent. Il faut certes faire connaître et reconnaître ce petit patrimoine architectural, mais il faut en même temps respecter la terminologie traditionnelle.
                

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Muret dans le bourg de Gignac

Ces murs bien bâtis avec des pierres posées verticalement ont une histoire :
on les montait de cette façon pour empêcher les brebis, dont les pieds sont fragiles, d'aller chez le voisin.
                          

Origine et fonctions des cabanes

Au XIXème siècle, en raison d’un accroissement de la population, l’aire cultivée s’est largement développée à Gignac, gagnant les coteaux jusque là restés en friche. Les défrichements et les plantations en vignes ont été considérables, il a fallu épierrer le sol et rassembler sur les pourtours des nouveaux champs ces millions de petites pierres. Tantôt elles ont été rassemblées en un tas informe, ainsi se sont créés les cheyrous, tantôt on a bâti de petits abris, les cabanes, tantôt on a construit des murs plus ou moins larges selon la quantité de cailloux. Ces murets permettaient en même temps de délimiter les parcelles.

Chaque fois que nos Anciens allaient travailler dans les champs, ils emportaient l’ausel (prononcer aojel = l'oiseau), le panier en osier qui servait à transporter les pierres au bout du champ. Ils remplissaient de cailloux ce panier qui ressemblait à un oiseau posé sur les épaules, d'où l'appellation "l'oiseau".

Au moment de la construction de ces cabanes, il n’y avait que des champs cultivés et des vignes. Le paysan rangeait ses outils dans la cabane, se protégeait du vent et du froid au moment du casse-croûte, se mettait à l’abri en cas de pluie. Elles ne sont devenues cabanes de berger qu’après la guerre 1914-1918, quand tous ces lopins de terre ont été abandonnés et que les troupeaux de moutons se sont multipliés.
                       

Les différents types de cabanes

Les cabanes à poules

Certaines cabanes présentaient des particularités étonnantes. Elles étaient utilisées comme poulaillers, aussi avaient-elles parfois des entrées toutes petites et un volume intérieur très limité.


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Cabane-poulailler
                

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Ce poulailler a conservé sa porte en bois.
Des trous sont aménagés dans l’épaisseur du mur pour les nids
.
                  

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Cabane-poulailler (toujours utilisée en 2004)

Pendant la construction de la ligne de chemin de fer,
ce poulailler de taille inhabituelle avait été loué  par un employé
qui a vécu plusieurs années dans cette cabane (témoignage d’Urbain Jarnolles)
                     

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Cabane-poulailler circulaire près des Genestes
                        
   

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Niches-nids    
                   


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Ouverture pour chasseur
                     


Les cabanes pour les hommes

Les cabanes circulaires

Les cabanes circulaires sont recouvertes d’une toiture conique de lauzes. Harmonieuses et bien équilibrées, elles suscitent l’admiration et témoignent du sens du Beau que possédaient leurs constructeurs. Le plafond est voûté. L’accès est au Sud.
Il en existe cinq sur le territoire communal, quatre de dimensions modestes, et une beaucoup plus spacieuse et qui a dû servir d’habitation.  Cette dernière est reliée au portail d’entrée par une allée bordée de pierres. Elle est dotée de petits aménagements qu’on ne trouve généralement pas dans les cabanes plus primitives.
                       

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Voûte à encorbellement
             

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Cabane circulaire
                      

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La taille inusitée de cette cabane,
l’allée bordée de pierres qui y conduit,
les murs qui bordent l’accès,
permettent de dire qu’elle a été habitée de façon durable.
                   

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Cabane circulaire située près de l’ancien chemin Vielfour/Leygonie.
La forme de l’ouverture sur l’extérieur (meurtrière) laisse à penser
qu’elle a été utilisée pour la surveillance d’un troupeau
ou pour la chasse, sans doute également comme poulailler.
                             

Les cabanes insérées dans une muraille ou un cheyrou

C’est le type de cabane le plus fréquent. Il n’y en a pas deux d’identiques.

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Cabane située près des Défondres

 (versant Nord du Pech du Moulin)
                       

    
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Cabane adossée à un " cheyrou " (1999)
(restaurée en 2004)
                       

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Cabane de vigne couverte en tuiles du Quercy

"Clapiers" : un petit patrimoine méconnu

Les clapiers, des refuges-pièges pour les lapins de garenne

Les chasseurs, jusque dans les années 1960, construisaient des "clapiers" et entretenaient les "anciens clapiers". De quoi s'agissait-il ? De tas de pierres aménagés. Des trous permettaient aux lapins de se réfugier dans ces petites constructions, en général construites à la base d'un mur. Aujourd'hui ces clapiers sont abandonnés, souvent recouverts par la végétation. Ils étaient utilisés par les braconniers qui introduisaient un furet alors qu'un filet était tendu devant l'autre sortie du boyau. Le lapin se retrouvait prisonnier dans le filet.
                      

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L'une des entrées du clapier


Date de création : 01/08/2020 13:02
Catégorie : Un patrimoine sauvegardé -

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