Oratoire Saint-Antoine

L’Oratoire de Saint Antoine

Un monument religieux original : l’oratoire dédié à Saint Antoine, situé auprès du puits Bournaguet, route de Saint-Bonnet. L’oratoire est constitué en trois parties : un piédestal en gradins, un socle qui supporte la statue, et la statue elle-même. La plaque située sur la face avant du socle porte les mentions : Saint Antoine protégez-nous (40 j. ind.).
L’édifice a été élevé ici 1898. La statue (1,50 m de haut, poids : 200,1 kg, coût : 300 francs) provient des Ateliers de Vaucouleurs (Meuse). Elle est l’œuvre de l’Union Artistique de Vaucouleurs. Dans l’église Saint Martin on retrouve une deuxième statue de Saint Antoine, plus petite.

Origine de l’oratoire

Pour dresser cet oratoire, l’abbé Sireyzol, curé de Gignac, a besoin de fonds, aussi lance-t-il un appel pressant à certains fidèles susceptibles de verser une offrande généreuse. Voici in extenso la lettre adressée au jeune Alard, futur maire de Gignac. Cette lettre est datée du 10 août 1896. A noter que l’abbé Sireyzol prend sa retraite cette année-là. L’abbé Laffarguette lui succède.

Cher Allard,
Avant de prendre ma retraite, ce qui ne peut pas être loin, je veux réaliser un projet que j’ai à cœur depuis assez longtemps. Je veux placer au fond de ma terre, puits Bournaguet, à la bifurcation des chemins de Souillac et de Saint-Bonnet, la statue d’un grand saint, St Antoine de Padoue, le grand thaumaturge de nos temps. On ne l’invoque guère sans succès.
Placée à l’endroit susdit, cette statue serait, j’en ai l’espoir, le paratonnerre du bourg et de la contrée. Tu comprends dans quel sens je dis le mot paratonnerre. L’emplacement est admirablement choisi, le puits y attire beaucoup de femmes et peu d’elles regagneraient le bourg sans y laisser un pieux pater devant cette statue. Les personnes de ton village venant à la messe, feraient de même. Bien des voyageurs, se voyant là seuls, s’y agenouilleraient sans honte, sans respect humain. Bref, cher Alard, ce sera, je crois, un bien grand bienfait que je laisserai à ma paroisse, oui, et un souvenir utile.
La statue sera à mes frais et chère un bon peu. Elle sera en fonte de fer haute d’un mètre 50 c. Elle pourra braver l’intempérie de bien des siècles. Elle sera de toute beauté, elle est déjà commandée et sera ici dans un mois. Il lui faut, n’est-ce pas ? un beau piédestal, digne d’elle.
J’ai donc besoin, cher ami, que la paroisse vienne à mon secours, mais elle est si peu généreuse, notre paroisse, pour les œuvres. Bien, je suis sûr que dans pareil cas mon confrère de Cressensac (je l’affirme d’après l’expérience) recevrait au-delà du nécessaire.
Que vais-je faire ? M’adresser aux quelques bonnes âmes que je ne crois pas devoir être trop sourdes. A la tête de ce nombre, je place les deux époux du 19 août, toi et ta future dame. Quelle belle occasion pour attirer sur votre mariage une bonne bénédiction divine. Une généreuse offrande ne vous appauvrira pas, et vos noms figureront sur le tableau de nos bienfaiteurs. Ne faites rien l’un et l’autre sans l’assentiment de vos parents respectifs, entendez-vous avec eux, ils ne vous détourneront pas de la bonne œuvre. S’il vous plaît, chers futurs époux, que votre offrande soit généreuse et digne de figurer sur le tableau de l’église.
C’est pour le dernière fois, bien sûr, que le vieillard de 86 ans vous tend la main. La bénédiction de la statue donnera lieu à une grande fête qui peut-être sera présidée par notre nouvel évêque. Vous serez bien heureux d’y assister, et de pouvoir dire : nous avons contribué à ériger cette belle statue.
J’ai besoin d’une réponse quelconque. Dans cet espoir, je suis heureux de pouvoir me dire, chers futurs, à l’avance, votre reconnaissant et dévoué curé.
Sireyzol, curé
Gignac le 10 août 1896
Cette fête sera mes noces d’or, et puis, tu sais, ad patres… Quel grand bienfait vous avez ici, et que tous les autres pays n’ont pas… les truffes…

Les futurs époux ont d’autres préoccupations et ne répondent pas immédiatement. Au mois de septembre, le vieux curé de Gignac leur adresse le rappel suivant :

Cher ami Alard,
Allons, un peu de générosité pour le monument qui va s’élever en l’honneur de Saint Antoine de Padoux qui se montre si bon.
Oui, il le sera pour toi et ta digne compagne pour que vous soyez d’heureux époux, parce que par les grâces qu’il vous obtiendra vous serez deux bons chrétiens.
L’ingratitude n’est pas comme au ciel. Tu le vois bien, cher greffier, je travaille pour notre commune paroisse, je t’en prie, une offrande convenable, vu votre situation, noblesse oblige, dit-on… tu me comprends. (…)

Sireyzol
Gignac ce 19 septembre 1896
Apporte-moi toi-même ta réponse et à bientôt, c’est pour moi dernière quête.

La bénédiction de la statue par le vicaire général Laporte donne lieu à une fête grandiose le 30 novembre 1898, en présence d’une vingtaine de prêtres et d’une foule de fidèles importante. Etait également présent le chapelain de Notre-Dame de Rocamadour que le curé de Gignac avait appelé à cette occasion comme prédicateur.

                      

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Oratoire Saint Antoine en 2003
La plaque brisée a été remplacée en 2007

             

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Saint Antoine de Padoue est représenté ici tonsuré, chaussé de sandales et vêtu de la bure franciscaine nouée par une cordelière à trois nœuds, et tenant dans ses bras l'Enfant Jésus.
                 

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L’Enfant Jésus, assis sur un exemplaire de l'Évangile, tient un lys dans sa main gauche.

                

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La bure franciscaine

            

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Le chapelet

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Pieds nus dans des sandales

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La cordelière à trois nœuds et la fleur de lys


Date de création : 25/03/2021 07:32
Dernière modification : 25/03/2021 19:52
Catégorie : Un patrimoine sauvegardé -

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